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Arnaud Durand

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PMA et mariage pour tous: Papa où t’es?

Il paraît que la PMA, étendue aux couples lesbiens, ferait disparaître le père. On se demande comment. Et dans le cas des couples hétérosexuels? C'est là que ça se produit vraiment! Tranquillement, dans la plus grande impunité, sans réaction de la part des opposants aux mariages pour tous.

Deux articles récents de Heidi.News (ici et ici) mettent en évidence la manière dont les procédures de PMA pour les couples hétérosexuels escamotent complètement l’homme qui a fait don de son sperme. Dans les critères de sélection du donneur, il y a celui du groupe sanguin, mais aussi et surtout celui de la ressemblance physique avec le compagnon de la future mère. Il s’agit donc d’éviter que l’enfant à venir ne se soucie de son origine biologique, en lui faisant croire que celui qui se présente comme son père est bien son géniteur.  Comme les parents n’ont aucune obligation légale de révéler à leur progéniture comment elle a été conçue, le secret est ainsi bien gardé.

Personne, à ce jour, et surtout pas les opposants au mariage pour tous, ne semble avoir de problème avec ce stratagème qui débouche sur un mensonge. Car il s’agit bien d’un mensonge par omission. Dans cette optique, le droit garanti à chacun de connaître ses origines ne sert à rien, si tout est fait, au niveau institutionnel et social, pour que la question ne se pose même pas. On sait d’ailleurs quel drame peut déclencher la découverte fortuite de la vérité. Cependant, c’est moins le fait de ne pas connaître son géniteur qui provoque cette souffrance, que celui d’avoir été trompé par ceux à qui l’être humain fait confiance en premier, à savoir, ses parents.

Mais, nos sociétés continuent de s’accommoder de ces cachotteries. En effet, le bien de l’enfant passe souvent loin derrière celui des adultes (les parents) et surtout, surtout leur DROIT À L’ENFANT. Car, contrairement à ce qui est affirmé ces derniers temps, celui-ci n’est pas un produit des récentes évolutions sociétales, supposément décadentes, La réalité est qu’il est bien enraciné dans les mentalités et depuis longtemps. Aujourd’hui, il s’incarne tout simplement dans la « normalité » du parcours de vie d’un adulte. La plupart des gens font des enfants parce qu’ils en ont envie, parce que la société attend d’eux qu’ils se reproduisent, parce que c’est sympa de faire grandir des mini-soi, etc. Ce n’est que récemment et avec l’introduction de la Convention internationale des droits de l’enfant, que l’on a commencé à contre-balancer les desiderata des parents ainsi que des sociétés par l’affirmation d’un certain nombre de prérogatives réservées à l’enfant. Soit dit en passant, celle-ci ne parle absolument pas du droit au père. Elle indique uniquement le droit à des parents, sans aller dans les détails du modèle parental. 

Pourquoi cela? Peut-être parce que cela fait belle lurette que nos sociétés ont intégré que ce sont moins les « liens de sang » que les conventions sociales qui façonnent les relations intergénérationnelles et familiales, que le « d’où viens-je? » relève plus des récits que nous nous racontons, collectivement et individuellement, que de la transmission des gènes. Je ne dis pas que la phylogénie n’a aucun intérêt pour nos histoires personnelles, mais elle n’en constitue ni la base, ni le cœur. D’ailleurs, l’histoire humaine regorge de modèles familiaux et parentaux multiples. L’idée que l’union d’un homme et d’une femme constitue le seul fondement de toute civilisation est donc complètement fausse et même, à certains égards, assez incongrue. En effet, où est-il écrit qu’il faut absolument un homme et une femme comme parents pour qu’un enfant se développe bien? Nulle part. Ni dans la « nature », ni dans les consensus scientifiques en terme de pédagogie, d’éducation et de psychologie ou encore de sociologie et d’anthropologie. Ce dont les enfants ont besoin, c’est d’adultes responsables qui prennent soin d’eux et leur apportent le bagage éducationnel nécessaire pour qu’il puissent s’intégrer à leur société et devenir autonome plus tard. Et il n’y a pas qu’une seule recette pour obtenir ce résultat.

La question de savoir qui est le « vrai » père, dans les cas de la PMA, trouve une réponse assez facile: c’est celui qui a reconnu l’enfant comme le sien et qui s’en occupe. Le donneur de sperme, lui, n’a fait que contribuer au processus technique de la  procréation, avec ses gamètes. Même si une trace de son existence se retrouve dès lors inscrite dans le patrimoine génétique de l’enfant, il n’en reste pas moins que l’institution l’a  fait complètement disparaître du récit familiale sur la filiation de cet enfant. Et cela, sans qu’on en fasse tout un fromage. Apparemment, du moment qu’il y a UN père, que ce soit le père biologique ou pas, le compte y est. 

Évidemment, ce subterfuge est inapplicable dans le cas où les parents sont de même sexe. Et il est absurde de penser que deux femmes, ayant recourt à la PMA pour fonder une famille, pourraient être tentées par le même stratagème. En réalité, la question de l’origine biologique de leur(s) enfant(s) se pose d’office et elles sont bien obligées de l’aborder avec eux, et même souvent très rapidement. Or, il se trouve que les familles arc-en-ciel ne sont pas exactement une nouveauté. Les futurs couples de lesbiennes en Suisse pourront donc s’appuyer sur des décennies d’expériences à l’international, pour aider l’enfant à comprendre le décalage entre la reproduction habituelle, conçue comme une espèce de norme « naturelle » et culturelle dans nos sociétés, et la présence de deux mères comme parents. Enfin, ces enfants seront en mesure de se poser la question de leur filiation et de connaître leur origine biologique.

La question du bien de l’enfant ne constitue donc pas du tout une raison suffisante de refuser la loi sur le mariage pour tous. Surtout que contrairement aux enfants nés de PMA pratiquée par des couples hétérosexuels, ceux issus de PMA par des couples de lesbiennes ne risquent pas de grandir dans le mensonge sur leur origine biologique et leur « véritable » histoire de famille. Je vous invite donc à voter OUI (comme dans « Oui, je le veux »), en étant assurés que les droits de ces enfants seront mieux respectés que ceux des enfants issus de PMA par des parents hétérosexuels. 

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