Le symptôme: exiger de respecter une norme professionnelle et technologique américaine, mais ni suisse, ni européenne. Le résultat: les outils développés en Suisse ou en Europe sont éliminés d’office.
Le remède: Public Money, Public Code. Explications.
Cela fait maintenant plus de 10 ans que les HUG développent des solutions numériques à l’interne, qu’ils partagent avec d’autres institutions publiques, notamment valaisannes, en échange d’une participation au développement. Le Temps nous révèle, dans son article, que l’évaluation de ce ces outils par les experts du CHUV conclut qu’ils correspondent à tous les besoins des établissements hospitaliers vaudois. Pourtant, le CHUV et la Fédération des hôpitaux vaudois informatique (FHVI) ont rédigé un appel d’offre public tellement orienté qu’un seul candidat était en mesure d’y répondre: le géant américain EPIC.
Cette situation soulève trois questions:
1. Qui ? Les appels sont-ils rédigés par les vendeurs ou les acheteurs ?
Qui rédige les appels d’offres ? Dans le domaine informatique, comme dans d’autres secteurs, on préfère souvent confier cette tâche à des professionnels. Mais, qui sont ces experts ? Ce sont souvent les vendeurs, qui maîtrisent bien le marché et savent comment défendre leurs propres intérêts. Quant aux informaticiens internes, ils se retrouvent souvent relégués au rôle de simple acheteurs de licences et d’abonnements divers.
2. Quoi ? Des licences privatives ou la souveraineté technologique?
Avec le mode de fonctionnement des licences privatives, il devient impossible de développer des connaissances internes ou une véritable maîtrise technique et souveraine des outils. Dans un domaine où les changement sont permanents, perdre ces compétences signifie aussi perdre la bataille pour la protection des données ou la cybersécurité, des enjeux ingérables si l’on ne maîtrise ni les outils ni l’infrastructure.
Ces licences représentent une solution de facilité. Elles proposent un abonnement à un outil numérique tout en permettant aux créateurs de logiciels d’enchaîner leur clients à des outils dont il est impossible de se libérer sans faire face à de grandes difficultés techniques et fonctionnelles. Un bon deal donc pour ces fournisseurs de logiciels privatifs. C’est pourquoi ces solutions paraissent si attrayantes en terme de prix au départ – après tout, la première dose est gratuite, non ?
3. Pour qui? Nous (le peuple) ou quelques uns (des entreprises) ?
Partir du principe que nous devons maîtriser nos outils ouvre la voie à une autre manière de travailler. Il est possible de créer des espaces où les acteurs publics peuvent collaborer et contribuer à du code logiciel commun, qu’ils peuvent adapter à leurs besoins. Cela facilite également l’interconnexion avec d’autres acteurs comme les entreprises locales de logiciels, les hôpitaux, les cliniques et les médecins, tout en permettant à la population d’accéder au code, de signaler d’éventuelles failles si nécessaire, mais aussi de réutiliser les logiciels développés.
Public Money Public Code
Imaginez ceci: en tant que citoyen, je souhaite auditer un bureau de l’administration, mais on me refuse l’accès, sous prétexte que le fabricant de meubles ne veut pas que l’on examine le modèle de vis utilisé ? Absurde ? C’est pourtant exactement ce qui se déroule ici. Notre argent public ne devrait pas être utilisé pour enrichir des investisseurs à l’autre bout du monde, soumis à d’autres lois et poursuivant d’autres intérêts. Cet argent doit avant tout nous servir, nous, la population.
Surtout lorsqu’il s’agit de notre santé,il est vital que les personnes en charge de nos données soient compétentes et correctement formées pour résoudre les problèmes sur l’ensemble des outils utilisés, car notre vie peut en dépendre.
La FSFE a lancé, il y a quelque années, une campagne Public Money, Public Code: Argent public, code public. Nous vous conseillons vivement de faire suivre l’information et partager cette notion essentielle pour une informatique efficace et souveraine.
Télécharger la brochure en anglais, en allemand et en italien.
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